Ce n’est plus un fait nouveau, et encore moins un état de fait éphémère, mais l’économie mondiale, et notamment européenne, connaît une période délicate qui s’illustre par de nombreux défis : crise d’endettement, de compétitivité, exacerbées par une crise de confiance des investisseurs. Ces défis définissent aujourd’hui les contours d’un nouvel environnement durable qui requièrent une évolution en profondeur des modes de financement.
D’une part, les entreprises sont à la recherche de solutions de financement de long terme. D’autre part, les citoyens européens souffrent d’une allocation non optimale de leur épargne car essentiellement orientée vers le court terme. La finance de demain se doit de garantir l’accès aux marchés de capitaux pour les sociétés – qu’elles soient petites, moyennes ou grandes – grâce à des solutions d’investissement de long terme. Renforcer ce lien entre les projets de développement et les ressources financières, tel est le devoir d’une finance aux services et à l’écoute de l’économie.
Les professionnels de la gestion d’actifs s’illustrent comme l’investisseur de long terme par excellence. Leur politique d’investissement doit plus que jamais s’orienter vers cet horizon pour la formation d’un capital durable, couvrant des actifs tangibles (entreprises, énergie, transports, infrastructures) et des actifs intangibles (éducation, recherche et développement). Une source de financement de long terme peut permettre de soutenir la croissance et la productivité des agents économiques publics ou privés.
Etre un investisseur de long terme, c’est également prendre en considération les défis du XXIe siècle. Le monde change et avec lui, notre économie, nos sociétés. Plus qu’un idéal ou un acte de foi, le développement durable et l’investissement responsable sont devenus une réalité quotidienne. Etre responsable, c’est accompagner et encourager les entreprises dans une démarche de progrès. Ainsi, les critères ESG (économiques, sociaux et de gouvernance) doivent devenir le cadre de référence de cette initiative.
L’Europe est riche, riche de solutions à coordonner. Les banques ont traditionnellement été les intermédiaires financiers les plus importants. Les nouvelles réglementations suscitent l’émergence d’alternatives complémentaires dans le financement de l’économie. Le besoin de nouvelles solutions de financement des entreprises européennes se heurte aujourd’hui au périmètre des actifs éligibles définis par les réglementations actuelles, qui privilégient les investissements à forte liquidité. Implication directe, les entreprises ne parviennent pas toutes à se financer dans les mêmes conditions : les plus grandes bénéficient de ressources abondantes, alors que les PME sont confrontées à une problématique de liquidités insuffisantes. Le financement de l’économie devra passer par des canaux plus diversifiés ; la gestion d’actifs peut constituer l’une de ces solutions créatrices de valeur ajoutée à l’économie.
L’industrie des services financiers va vers une plus grande transparence et une personnalisation croissante de ses produits pour mieux répondre aux besoins de chacun. Toutefois, il faudra veiller aux effets tangibles sur la confiance des investisseurs que pourraient avoir certains projets réglementaires insuffisamment calibrés ou implémentés sans évaluation d’impact ex ante.
Il serait dommage de négliger le rôle de la gestion d’actifs, forte de 15.000 milliards d’euros sous gestion au sein de 27 pays, parfaitement positionnée pour orienter les investissements de long terme vers le financement de l’économie. Elle constitue un levier efficace de soutien à la croissance européenne. Pour répondre à ces défis, elle aura besoin du support et de la confiance des acteurs publics et privés en étroite collaboration avec les régulateurs afin de diriger l’épargne nécessaire vers l’économie, tout en protégeant les investisseurs