En début d’année, je mentionnais le tapering US et le « shadow banking » comme 2 des 4 risques majeurs pour les marchés financiers en 2014 (les 2 autres étant l’impact de la hausse de TVA en avril au Japon, facteur plus local, et la montée insidieuse de l’endettement public en Europe, source de tensions futures aujourd’hui très apaisées).
Nous venons d’avoir confirmation cette semaine de la sensibilité des marchés à ces facteurs avec un violent mouvement de « fly to quality » accompagné des observations traditionnelles (hausses de l’Or, Fc Suisse, Yen, Bund, OAT et baisses des marchés boursiers).
Le déclencheur de cette première secousse de l’année provient en effet de la Chine: en annonçant que le remboursement d’un produit de gestion patrimoniale (Investment Trust) arrivant à échéance le 31/01, de taille de 500 millions, vendu par la banque ICBC ne serait pas garanti, les autorités chinoises ont nourri la crainte des investisseurs que des réajustements brutaux sont en cours en Chine et que cela aurait des impacts négatifs sur la croissance chinoise et sur les flux financiers.
Au même moment, le constat de l’échec avéré de la banque centrale turque à endiguer la dépréciation de la Lire (sa vente dans le marché de 3 Mds $ a piteusement échoué, dégradant sa crédibilité), a accentué le sentiment de défiance générale.
Si la dégradation devait se poursuivre, la Federal Reserve sera contrainte de décaler dans le temps, ou réduire, son « tapering » (cf 1997 où la crise asiatique l’avait contrainte à cesser son mouvement de hausses des taux), dont la mise en place fragilise l’édifice de sauvetage financier mis en place par Bernanke, pour éviter une crise généralisée.
Conséquence bénéfique pour les obligations européennes notamment françaises: les investisseurs semblent de nouveau revenir sur la France pour effectuer des « trades » de duration en achetant particulièrement le long terme de la courbe, ce qui indique un attrait toujours marqué des investisseurs pour des extensions de duration et du rendement sur les papiers non-périphériques.
Convaincu qu’à court terme, les marchés financiers oscillent souvent d’un excès à l’autre, je trouve dans le cas du marché obligataire espagnol une nouvelle illustration de cette conviction en offrant un exemple de nouvelle « exhubérance »: les taux ibèriques sont au plus bas depuis 8 ans, une adjudication de 7 Mds € cette semaine a fait l’objet d’une demande de papier pour 40 ! Conscient de cette situation, l’Espagne se précipite pour réaliser son programme d’émissions annuelles (10% déjà réalisés en 3 semaines),…ce qui entraînera, je le crains, tôt ou tard, un phénomème d’engorgement avec un « effet boomerang » sur les taux européens…